poetessesdelagrandeguerre

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Tout nous fuit...

Tout nous fuit...

 

Tout nous fuit, l'homme meurt, les âmes ont des ailes;

Ainsi qu'une fumée active à l'horizon

Le souffle bondit hors des charnelles prisons;

Aux terrestres désirs l'être n'est plus fidèle!

Se peut-il? Respirer semble une trahison!

La vie a pour soi-même une haine mortelle.

- Reverrons-nous un jour une heureuse saison

Avec son déploiement de minces hirondelles

Et son ciel bleu versé sur les toits des maisons?

Reverrons-nous, avec de limpides prunelles,

L'étoile qui s'entr'ouvre à la chute du jour,

Dans le soir sensitif et pareil à l'amour?

Percevrons-nous avec une oreille paisible

Le vaporeux tissu du doux chant des oiseaux

Etincelant ainsi qu'un rayon invisible,

Et la Nuit naviguant sur le calme des eaux?

- Destin, nous rendrez-vous, après des heures telles

Que le globe à jamais semble hostile aux humains,

L'ineffable douceur de prendre une autre main

Quand les parfums du soir lentement s'amoncellent

Sur la rêveuse paix déserte des chemins?

Nous rendrez-vous, malgré ce qui meurt et chancelle,

Le goût naïf et sûr des choses éternelles?...

 

Mars 1915



24/12/2012
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