poetessesdelagrandeguerre

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Le soldat

Le soldat

 

O mort parmi les morts, dont nul ne gardera

           Le nom, humble relique,

Toi qui fus un élan, une démarche, un bras

           Dans la masse héroïque,

 

Faible humain qui connus jusqu'au fond de tes os

           L'unanime victoire

D'être à toi seul un peuple entier, qui prend d'assaut

           Les sommets de l'Histoire!

 

Toi, corps et coeur chétifs, mais en qui se pressait,

           Comme aux bourgeons sur l'arbre,

Le renaissant printemps du grand destin français,

           Fait de rire et de marbre,

 

- Enfant qui n'avais pas, avant le dur fléau,

L'âme prédestinée à un devoir si haut, -

 

Quand même ta naïve et futile prunelle

           N'eût jamais reflété

Qu'un champ d'orge devant la maison paternelle,

           Que ta vigne en été,

 

Quand tu n'aurais perçu de l'énigme du monde

           Que le soir étoilé,

Quand tu n'aurais empli ta jeune tête donde

           Que d'un livre épelé,

 

Quand tu n'aurais donné qu'une caresse frêle

           A quelque humble beauté,

Se peut-il que tu sois dans la nuit éternelle,

           Toi qui avais été!

 

La Guerre

(dans Les Forces Eternelles, 1920)



24/12/2012
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