poetessesdelagrandeguerre

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Le souffle

Le souffle

 

Tu ne respires plus, le vent

Ne pénètre jamais la pierre

Qui ferme sa dure paupière

Sur ton être fixe et rêvant;

 

Et je vois la nue infinie

Qui t'a refusé l'humble part

Que ton souffle anxieux, hagard,

Implorait, dans ton agonie.

 

Comment est ce refus soudain

De l'espace à la créature?

Quel est ce moment, ô Nature,

Où l'homme meurt de ton dédain?

 

J'ai, par-dessus tous les mystèresz,

Béni la respiration,

Cette sublime passion

Qui soulève toute la terre!

 

Et je contemple l'air mouvant:

- O force ineffable du vent,

C'est surtout par toi que diffèrent

Les tombeaux d'avec l'atmosphère,

Et les morts d'avec les vivants!

 

Janvier 1915

 

La Guerre

(dans "Les Forces Etenelles", 1920)



24/12/2012
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