Pozzi (Catherine) 26 août 1914
Catherine Pozzi
26 août 1914. Mercredi.
La grande bataille a eu lieu, de Verton à Mons, de samedi à lundi soir. Nous avons pris l'offensive et, comme dit le ministère de la Guerre qui excelle à optimiser la défaite, "pas réussi à percer les lignes ennemies". Nous avons "repris une position défensive qui convient mieux que l'autre à nos ressources en hommes". Allons, tant mieux, mais que disent les trente ou quanrante mille gars qui ont payé cette petite erreur?
En Alsace, nous lâché Mulhouse, ça fait la seconde fois, mais "c'est au nord que se joue la partie" et l'abandon de l'Alsace a pour Messimy "peu d'importance". Ainsi le ministère de la Guerre arrive à donner, en quelques lignes quotidiennes l'impression de son extrême stupidité et du mépris où il nous tient tous. Il y a les généraux, là-bas qui travaillent sans écrire et valent peut-être mieux.
En Lorraine, toute une division composée de gens du Midi a lâché pied: il a fallu abandonner les cols des Vosges, les Allemands ont avancé sur Epinal. Hier, on ne rencontrait que des pessimistes et le bel esprit de Paris, essuyé comme du fard... Cependant je m'évertuais à chanter que, même seraient-ils à Reims, la victoire nous resterait et que le désespoir était une maladie du patriotisme. Sans doute faut-il être un travailleur conscient pour savoir ce que peut compter l'énergie morale des non-combattants en faveur du succès des autres.
Journal
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