poetessesdelagrandeguerre

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Guillet (Jeanne): Offrande (1917)

Jeanne Guillet

 

Offrande

 

I

 

Mes soeurs, voici le soir, laissons là nos fuseaux.
Le soleil, comme un roi détrôné qui s’exile,
abandonne sa pourpre aux robes d’or des îles
et quitte lentement la terrasse des eaux.

Dans les vergers emplis des ramages d’oiseaux,
pour cueillir l’oranger et la neige fragile
des cerisiers, aux troncs lisses, les plus agiles,
montez. Et vous, coupez des joncs et des roseaux.

Puis, tandis que nos doigts tresseront des corbeilles,
dévastez les jardins que le printemps fleurit;
qu’au retour du soleil, les divines abeilles

se demandent quel vent automnal a flétri
les fleurs au doux nectar, les fleurs énamourées
des baisers apportés par leurs ailes dorées.

 

Mercure de France, 1 juillet 1917

 

à suivre



18/01/2013
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