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Guillet (Jeanne): Offrande 03 (1917)

Jeanne Guillet


Offrande

 

III

Voici la nuit, me soeurs! Aux vitres, les lumières
s’éveillent une à une en reflets tamisés
de cretonne ou de soie. Allons au cimetière,
sur la colline aux vieux créneaux fleurdelysés.

Les murs y sont encor percés de meurtrières,
d’où l’euphorbe jaillit, au lierre entrecroisé,
et parmi le feuillage, au bord des fondrières,
le clair de lune dort sur des marbres brisés.

Sur les tombes, mes soeurs, éparpillez vos gerbes,
puis levez vos bras nus, et dispersez au vent
les plus douces, afin qu’un peu d’apaisement,

à travers l’humble toit et le dôme superbe,
tombe avec les lilas, les lauriers et les buis,
sur toute la douleur qui veille dans la nuit.

 

Mercure de France, 1917

 

à suivre



18/01/2013
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