poetessesdelagrandeguerre

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Verdun

Verdun

 

Le silence revêt le plus grand nom du monde;

Un lendemain sans borne enveloppe Verdun.

Là, les hommes français sont venus un à un,

Pas à pas, jour par jour, seconde par seconde

Témoigner du plus fier et plus stoïque amour.

 

Ils se sont endormis dans la funèbre épreuve.

 

Verdun, leur immortelle et pantelante veuve,

Comme pour implorer leur céleste retour,

Tient levés les deux bras de ses deux hautes tours.

 

- Passant, ne cherche pas à donner de louanges

A la cité qui fut couverte par des anges

Jaillis de tous les points du sol français: le sang

Est si nombreux que nulle voix humaine

N'a le droit de mêler sa plainte faible et vaine

Aux effluves sans fin de ce terrestre encens.

Reconnais, dans la plaine entaillée et meurtrie,

Le pouvoir insondable et saint de la Patrie

Pour qui les plus beaux coeurs sont sous le sol, gisants.

 

En ces lieux l'on ne sait comment mourir se nomme,

Tant ce fut une offrande à quoi chacun consent.

 

A force d'engoutir, la terre s'est fait homme.

 

Passant, sois de récit et de geste économe,

Contemple, adore, prie, et tais ce que tu sens.

 

Novembre 1916

 

La Guerre

(Dans "Les forces éternelles", 1920)



24/12/2012
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