poetessesdelagrandeguerre

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A mon fils

A mon fils

 

Mon enfant, tu n'avais pas l'âge de la guerre,

Tu n'eus pas à répondre à ce grand "En avant,"

Pouvais-je me douter, quand tu naissais naguère,

Que je te destinais à demeurer vivant?

 

Trois ans, quatre ans de plus que toi, les enfants meurent,

Car ce sont des enfants, ces sublimes garçons,

Bondissant incendie au bout des horizons,

Tandis que ton doux être auprès de moi demeure,

Et qu'au son oppressant et délicat des heures

Ta studieuse voix récite tes leçons.

- Et voici qu'une année aisément recommence!

Mon coeur, de jour en jour, est moins habitué,

Cependant qu'absorbé par l'Histoire de France,

Tu poses sur la tyable, avec indifférence,

Ta main humble et sans gloire, et qui n'a pas tué...

 

Janvier 1915

 

La Guerre

(dans "Les Forces Eternelles", 1920)



24/12/2012
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