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Marcelle Davet-Dutemps (03): Les rubans (1920)

Davet-Dutemps

Les rubans
(Légion d’honneur)

O rubans! clairs trésors des grâces féminines,
Chiffons, légers chiffons de multiples couleurs
Faits de soie ondoyante ou bien de mousselines...
O jouets délicats et doux comme des fleurs!

Vous ornez le berceau où se penche la mère;
Vous caressez le font candide de l’enfant;
Vous prenez à ses yeux un rayon de lumière...
Vous êtes ingénus et chastes, beaux rubans!

Vous retenez le voile au front pur de la vierge;
Vous êtes le signet du missel de son choix;
Le parfum de l’encens et la lueur des cierges
Dans vos fils tissés d’or s’unissent à la fois.

Rubans purs de l’enfant et de la jeune fille,
Rubans de la coquette et rubans de l’amour,
Vous êtes le sourire et le reflet qui brille...
Vous êtes scintillants et beaux comme le jour!

Mais j’en sais un pourtant, plus lumineux encore
Dont rêvent les héros du fond de leur sommeil,
Que la Gloire à jamais de son sourire dore:
Un ruban merveilleux, brillant comme un soleil!

Toi, qu’on gagne “là-bas” sur les champs de bataille,
Ruban Rouge! Ruban de courage et d’honneur,
Ruban fait d’un morceau de satin ou de faille
Que l’on porte épinglé fièrement sur le coeur.

En te voyant, en nous passe comme une flamme,
Ta clarté nous séduit, mieux que des mots d’amour,
Nous sentons défaillir divinement notre âme...
Le beau ruban d’orgueil nous émeut à sont tour.

Nous rêvons d’appuyer un instant nos faiblesses
Contre le coeur vaillant qui sut planer si haut
Et de mettre un baiser de très chaste tendresse
Sur la rouge splendeur, ô ruban des Héros!



16/01/2013
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