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Marcelle Davet-Dutemps (05) Les mains (1920)

Davet-Dutemps

Les mains

O mains des tout petits aux doigts frêles et roses,
- Si frêles qu’un baiser même les froisse un peu, -
Mains qui peut-être un jour ferez de grandes choses,
Vous enfermez en vous l’avenir merveilleux.

Douces petites mains des blondes jeunes filles
Qui filez le doux fil des rêves de seize ans
Et qui, le soir venu, sous les vertes charmilles,
Moissonnez à pleins doigts les roses du printemps.

Et vous encor, ô mains caressantes des femmes,
Qui nous cachez le mal, la douleur ou l’ennui,
Et semblez posséder au bout des doigts une âme...
- Magiciennes d’amour et verseuses d’oubli! -

Vous qu’on câline un peu, qu’on respecte et qu’on aime,
Vous n’êtes rien pourtant près d’autres que je sais,
Et je voudrais créer un immortel poème
Pour dire la beauté de ce qu’elles ont fait:

Mains de nos combattants, héroïques et fières,
Mains de rustres, mains de croyants, de révoltés;
Vous toutes, qui semblez porteuses de lumières
Et tenez le Drapeau des saintes Libertés!

Tous nous les bénissons pour leur tâche si belle,
Ces mains sans peur en qui réside notre espoir,
Qui gardent la Patrie à jamais immortelle,
parce qu’elles ont fait le tragique Devoir.

O mains de nos soldats, semeuses de victoires,
Je vous presse ce soir, en rêve, sur mon coeur,
- O mains qui composez des chapitres de gloire
Pour ajouter au livre immortel de l’Honneur!



16/01/2013
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