poetessesdelagrandeguerre

poetessesdelagrandeguerre

Tableautin de Schurgers (Constance) 1909

Constance Schurgers

 

Tableautin

 

Esseulé au milieu d'une haie de fils de fer,

Un humble coin de terre se gonfle encore d'un tertre

Et là, où nul passant ne jette son regard,

Une petite tombe, dernier séjour d'un Belge noble et vaillant

Tombé, face à l'ennemi, pour défendre la Patrie,

Mort, le coeur haché d'un coup vif et tranchant,

Mort, coq vigoureux et fier au pied de son treillis...

Au-dessus de la fosse, le liseron et le chardon

Mêlent leur feuillage comme dans un terrain vague,

Et étendant des tiges devant la croix abandonnée,

L'ortie gourmande veut déjà prendre toute la place,

Mais, tout au pied de la croix, comme un sourire céleste,

Une petite fleur-de-vierge doucement s'épanouit

Et semble dire tout bas: "Si le coeur de l'homme oublie

Moi,, le simple myosotis, je passerai toute ma vie

Sur le tertre isolé où mon coeur ensanglanté

A dit pour la dernière fois: "Patrie et Liberté!" 



18/11/2013
0 Poster un commentaire