Le souffle
Le souffle
Tu ne respires plus, le vent
Ne pénètre jamais la pierre
Qui ferme sa dure paupière
Sur ton être fixe et rêvant;
Et je vois la nue infinie
Qui t'a refusé l'humble part
Que ton souffle anxieux, hagard,
Implorait, dans ton agonie.
Comment est ce refus soudain
De l'espace à la créature?
Quel est ce moment, ô Nature,
Où l'homme meurt de ton dédain?
J'ai, par-dessus tous les mystèresz,
Béni la respiration,
Cette sublime passion
Qui soulève toute la terre!
Et je contemple l'air mouvant:
- O force ineffable du vent,
C'est surtout par toi que diffèrent
Les tombeaux d'avec l'atmosphère,
Et les morts d'avec les vivants!
Janvier 1915
La Guerre
(dans "Les Forces Etenelles", 1920)
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