poetessesdelagrandeguerre

Lucie Delarue-Mardrus

Tu retrouveras soudain...

Tu retrouveras soudain les qualités guerrières

De tes siècles de force et de tes grands aïeux,

France, quand te dressant à la face des cieux,

Tu frappas l'ennemi franchissant nos frontières.

Les trois couleurs, flottant au front de tes bannières,

Rallièrent dans un même élan radieux,

Confondus pêle-même et tels de jeunes dieux,

Les enfants des manoirs, des villes, des chaumières.

Ils partirent, quittant, coeur ferme et regard clair,

Pour le fusil les sports ou la plume de fer,

Pour le canon l'outil ou la paix pastorale.

Et je salue ici, glorieux mutilés,

Ceux qui, dans le combat, eurent par une balle

De fiers rubans de sang à leur sein épinglés.

Les Sonnets de la guerre, 1906