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Périn (Cécile): Je pense aux jeunes morts... (1919)

Cécile Périn: Je pense aux jeunes morts...

Beaucoup ne verront plus palpiter la lumière,

Ni l'éclat délicat des matins de printemps.

Un doux soleil entr'ouvre en vain les primevères;

Je pense aux jeunes morts qui n'avaient que vingt ans.

 

Le destin les coucha dans l'ombre, à peine en vie.

Et les vieillards et les femmes regarderont,

La flamme vacillant dans ces mains engourdies,

S'éteindre les divins flambeaux; - et survivront.

 

Mais ils ne pourront plus connaître cette ivresse

Qui les envahissait, jadis, au temps joyeux.

Pour un rayon posé sur les pousses qui naissent,

Pour un jeune arbre en fleur, pour un pan de ciel bleu.

 

Ils n'auront plus jamais l'exaltation douce

De ceux que la beauté seule autrefois rythmait.

Leur coeur se souviendra de l'horrible secousse

Quand l'oubli s'étendra sur les jardins de Mai.

 

Les Captives, 1919



25/12/2012
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